Giovanni Buzi: Minotauro e cerchio (2004)

Le blasphème de l'horreur

Préface d'Alda Teodorani au livre Sexe, Horreur et Fantaisie

 

Giovanni Buzi est, en Italie, un des rares exemples d’écrivain qui sache fondre de manière impeccable le sexe et l’horreur. Je ne sais pas et je ne veux pas savoir d’où provient sa veine créative, comment il a grandi en tant qu’écrivain, quelles ont été ses lectures. L’important, c’est le résultat.


Son langage est tranchant. Il me semble rendu plus précieux par la musicalité de la langue française que Giovanni fréquente et aime, résidant en Belgique mais italianissime par ses origines.


Le mystère, la dangerosité du sexe féminin trouvent en Giovanni Buzi un chantre passionné et, tout à la fois, détaché comme dans une sorte de narration en dehors et au-delà du temps et de l’espace. Ce sont des phrases limpides qui se détachent de la matière littéraire, de la trame et, par là même, la rendent plus évidente, “fluorescente”, s’il m’est permis d’emprunter le titre d’une oeuvre récente de cet auteur.


Je ressens toujours une certaine crainte lorsqu’un écrivain me demande de préfacer un de ses livres. Je ne lis guère les préfaces que je passe allègrement, me fichant de ce que leur auteur pense de ce livre (et ce, d’autant plus, s’il est connu). Je veux me faire ma propre opinion. Peut-être y perdrai-je quelque nuance linguistique, l’analyse au deuxième ou troisième degré. Il est bien possible que l’auteur de la préface ait saisi des métaphores qui m’échappent. Mais cela ne m’intéresse pas. Je veux être la protagoniste de la lecture. C’est pourquoi, lorsqu’on me demande une préface, je refuse immédiatement. Mais si l’auteur en vaut la peine et que cela puisse l’aider à publier ce livre, alors une préface est bienvenue. Et si vous en lisant ces lignes, vous vous décidez à acheter ce livre, j’en serai heureuse. C’est qu’en Italie nous avons besoin de bons auteurs qui sachent aller à contre-courant d’une littérature corrompue par des usages répétés et embourgeoisée par les salons où elle repose enfermée dans des bibliothèques en noyer. Nous avons besoin d’auteurs valables surtout dans certains genres comme l’horreur que Buzi pratique avec une grande légèreté et ironie, sans le rendre pour autant moins dérangeant. Nous tous avons besoin d’être un peu plus dérangés par le récit (notre miroir intérieur blasphématoire) et moins par la télévision et les journaux télévisés (miroir extérieurs horribles et répugnants).


Si vous achetez ce livre, ou d’autres livres d’horreur, vous ferez le plus grand bien à votre âme, même en blasphémant. Parce que l’horreur, si elle est bien menée, est très certainement un blasphème.

Alda Teodorani

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